Les outils de la restauration sonore
Pour en savoir plus sur les différents défauts du son, vous pouvez consulter l’article : les 10 défauts principaux du son.
1 L’égaliseur : corriger les défauts spectraux
L’égaliseur ou EQ est l’outil n°1 en post-production sonore. En mixage, en sound design, en mastering et en restauration sonore, c’est un peu le couteau-suisse de l’ingénieur du son. Il permet d’atténuer ou d’amplifier les différentes fréquences qui composent un son. En réparation sonore, on l’utilise surtout de manière soustractive, pour supprimer des fréquences indésirables. On peut ainsi réduire les sons tonals comme les buzzs, les bruits de néons, les bruits électroniques, les sifflements, etc.
2 Le denoiser : réduire le bruit de fond
Le denoiser (dé-bruiteur ou réducteur de bruit) est un algorithme qui sépare le signal utile du bruit de fond pour atténuer ce dernier. C’est un outil qui a énormément évolué depuis une vingtaine d’années. Aujourd’hui, les denoisers tels que Cedar, X-Noise ou Izotope RX offrent des résultats spectaculaires pour réduire certains parasites réguliers tels que le souffle. Par nature, les denoiser génèrent des artefacts numériques qui peuvent être dévastateurs, si l’outil est mal utilisé. Il faut donc une certaine expérience et des oreilles expertes pour trouver la meilleure balance bénéfice/perte.3 Supprimer la réverbération
La réverbération est la répétition d’un même son par réflexion acoustique. Du fait de la popularisation du matériel de prise de son et de son emploi par des non-spécialistes, la réverbération parasite est devenue un problème fréquent, qu’il faut absolument régler à la prise. En post-production, supprimer la réverbération est un véritable casse-tête. Il est donc très difficile pour un algorithme de séparer le champ direct du champ réverbéré et le procédé génère des artefacts très désagréables à l’oreille (pompage, asséchement du son). Il existe plusieurs outils basés sur le principe du denoiser qui donnent toutefois des résultats corrects, à condition d’être finement ajustés.4 La porte de bruit
La porte de bruit ou noise gate est un outil basique, que l’on utilise pour supprimer le bruit de fond. C’est un effet de traitement de dynamique qui supprime les sons parasites en dessous d’un certain volume, appelé seuil. Tous les sons faibles sont ainsi éliminés : bruits de fond, respirations, etc. Seul problème, lorsque le signal repasse au-dessus du seuil, le bruit de fond ré-apparait également.5 La restauration manuelle
Il est possible de restaurer manuellement le son en utilisant un éditeur sous forme de spectrogramme. À la manière d’un graphiste dans Photoshop, l’ingénieur du son peut gommer, recopier ou coller des petites zones temporelles et fréquentielles de son pour supprimer certains défauts ponctuels. Cette méthode est fastidieuse mais donne de très bons résultats.Les limites de la restauration sonore
La qualité de la prise de son
La qualité d’une prise de son est primordiale et rien ne remplace un bon microphone judicieusement placé. Connaitre la post-production et la restauration sonore permet aux ingénieurs du son de tournage de mieux anticiper les problèmes sur le plateau.
Il m’est arrivé de travailler comme ingénieur du son sur un tournage de publicité dans un grand local presque vide. Dans ce local, l’équipe décoration avait construit plusieurs petits décors : un bureau, une chambre, etc. Mais l’acoustique du lieu, très réverbérante, ne correspondait pas à ces décors. Le budget ne permettant pas d’envisager une post-synchronisation, j’ai utilisé des micros directionnels placés au plus près des comédiens et des micros HF, pour privilégier au maximum le son direct. Le chef opérateur accepta même de laisser entrer le micro dans le champ et de le gommer en post-production.
Cela m’a permis de nettoyer le peu de réverbération résiduelle en post-production pour la remplacer par une acoustique artificielle adaptée aux lieux supposés de l’image. Cette opération subtile aurait été impossible si la prise de son n’avait pas été soignée, la restauration aurait seulement servi à sauver la compréhension du texte et non à recréer une acoustique cohérente avec l’image.
Le mythe de la post-production sonore
Il existe une croyance assez répandue qui prétend que l’on peut réparer le son très facilement, plus facilement qu’une image par exemple. C’est faux. La restauration sonore est très fastidieuse, tout comme la retouche photo, le trucage vidéo ou la restauration en architecture. On entend parfois dire : « on verra ça au mixage » mais c’est rarement un bon calcul financier que de bâcler un enregistrement en espérant le restaurer ensuite.
Pourtant, je reçois parfois des demandes de réparation de prises de son qui ne présentent pas difficulté au tournage. Dans ce cas, je conseille toujours en première intention de refaire la prise.