1 La vitesse du son
Au cinéma, un son est toujours synchronisé avec une image. Normal, me direz-vous ?
C’est oublier que la vitesse de la lumière est un million de fois supérieure à celle du son. On perçoit donc un son avec du retard lorsqu’on est suffisamment éloigné de sa source. Ce qui permet par exemple de compter plusieurs secondes avant d’entendre le bruit d’un éclair.
Quand on assiste à un feu d’artifice, même aux premières loges, on constate toujours que le son est en retard sur l’explosion.
Dans La communauté de l’anneau, comme dans la plupart des films, le son se propage à la vitesse de la lumière.
2 Le son dans l’espace
C’est bien connu : dans l’espace, en l’absence d’air, le son ne se propage pas. Pourtant, la plupart des films font comme si c’était le cas.
Seuls quelques productions récentes comme Gravity adoptent une vision un peu plus réaliste du son dans l’espace, en faisant entendre le son subjectif des personnages à l’intérieur de leur scaphandre.
Dans Armaggedon, point de réalisme. Les astéroïdes sifflent et déchirent l’air… dans l’espace.
3 Entendre l’inaudible
Avez-vous déjà discuté avec quelqu’un dans une boite de nuit ? Généralement, on est obligé de crier dans l’oreille de notre interlocuteur qui ne comprend qu’un mot sur deux.
Dans cette séquence de Matrix, aucun problème. Malgré la musique, les personnages se parlent à un mètre de distance, sans forcer sur leur voix. Néo entend même les pas délicats de Trinity qui s’approche.
4 Les sons qui n’existent pas
Pour donner un peu de dangerosité a un rayon laser, rien ne vaut un bon bruit strident, comme dans Goldfinger.
Évidemment, un vrai laser, même très puissant, ne produit absolument aucun son. Sauf peut-être s’il est équipé d’un transformateur qui vibre ou d’un ventilateur pour le refroidir.
5 L’exagération
Les sons électroniques émis par les machines (sons d’interface utilisateur ou UI) sont un grand classique de la science-fiction. Bien qu’ils existent dans la réalité, ils sont sur-utilisés au cinéma pour renforcer l’aspect futuriste ou technologique d’un appareil.
Dans cette scène d’Alien, le clavier et l’affichage à l’écran génèrent une foule de bips. Dans la réalité, qui supporterait de travailler avec un ordinateur aussi bruyant ?
Dans un autre registre, une épée qui résonne avec un beau timbre métallique est perçue comme coupante et très solide. Au risque parfois d’en faire un peu trop.
Ce passage de Troie nous fait entendre du métal avec des épées qui tapent et résonnent… parfois même sans qu’on les touche.
6 La simplification
Pour qu’un son soit plus efficace, on aussi peut le simplifier. Par exemple, ne garder qu’une partie d’un effet sonore peut lui apporter du contraste.
Dans cette scène de Kill Bill, la fronde qui tourne en continu devrait logiquement émettre un son continu…
7 L’imposture
C’est peut-être l’artifice le plus employé. On remplace souvent des sons par des effets plus détaillés ou plus spectaculaires. Mais parfois on associe une image avec un son qui ne lui correspond pas du tout.
Exemple : dans la réalité, le silencieux d’une arme à feu ne fait que réduire légèrement la détonation. Pour mieux différencier ce son, les sound designers ont inventé un effet sonore un peu tubulaire et résonnant, qui rappelle la forme cylindrique du silencieux. Ce son, devenu un cliché, n’a rien à voir avec la réalité. Mais comme on n’en entend pas tous les jours, c’est pour beaucoup de gens la seule référence.
Le film Les tontons flingueurs nous délecte de quelques sons de silencieux très créatifs dans cette scène culte.
L’ensemble de ces artifices sonores servent bien sûr la cause du récit. Dans un film, on ne recherche pas toujours le réalisme mais à procurer des émotions. Que serait le cinéma sans les sons de laser avec silencieux dans l’espace?